En mars 2024, une vague de démissions collectives a secoué plusieurs services d'urgences en France, mettant en lumière un malaise profond au sein de la profession soignante. Ces actions, bien que drastiques, témoignent d'une volonté de faire entendre une voix trop souvent étouffée par les contraintes budgétaires et les impératifs de gestion. Cet engagement, parfois silencieux, parfois bruyant, soulève une question essentielle : au-delà du simple constat de dysfonctionnements, les soignants engagés portent-ils une vision alternative et structurée de la santé, axée sur le patient et la prévention ? Cette vision alternative, promue par les soignants engagés, est cruciale pour repenser l'avenir du système de santé.

Le système de santé actuel, confronté à un virage gestionnaire indéniable, semble parfois reléguer l'humain au second plan. La déshumanisation des soins, couplée à une pénurie de personnel chronique, crée un cercle vicieux où les soignants, épuisés par une surcharge de travail constante, peinent à assurer une prise en charge de qualité. Face à cette réalité, émerge une prise de conscience collective chez ces professionnels, qui aspirent à un modèle plus respectueux de leurs valeurs et des besoins des patients. Les "soignants engagés" que nous évoquons ici désignent ces médecins, infirmiers, aides-soignants, psychologues et autres acteurs de la santé qui s'investissent activement pour transformer le système, bien au-delà de leurs obligations contractuelles et de leurs missions cliniques. Leur engagement prend des formes multiples : participation à des collectifs, actions de plaidoyer, développement d'initiatives innovantes, ou encore prise de parole publique pour dénoncer les injustices et proposer des solutions. La question se pose donc de savoir si ces engagements actuels sont la manifestation d'une vision alternative et structurée de la santé, qui dépasse le simple constat de dysfonctionnements, une vision axée sur l'accès aux soins, la qualité et la prévention.

Nous explorerons d'abord les facteurs profonds qui motivent l'engagement des soignants, plongeant au cœur des frustrations et des aspirations de ces professionnels. Ensuite, nous analyserons les composantes clés de leur vision alternative de la santé, en mettant en lumière les valeurs et les principes qui la sous-tendent : une approche holistique, la démocratie sanitaire, et un accent sur la prévention. Enfin, nous examinerons les obstacles et les leviers potentiels pour concrétiser cette vision, en explorant les pistes d'action et les perspectives d'avenir pour un système de santé plus juste et plus équitable.

Les racines de l'engagement : un ras-le-bol face à un système en crise

L'engagement des soignants ne naît pas du vide. Il prend racine dans un terreau fertile de frustrations, de déceptions et d'un sentiment profond d'impuissance face à un système en crise. Les conditions de travail dégradées, avec des salaires souvent insuffisants, la marchandisation croissante de la santé et le manque de participation aux décisions sont autant de facteurs qui alimentent ce ras-le-bol et poussent les professionnels à s'investir pour un changement, pour défendre leur vision de la santé.

La dégradation des conditions de travail : un épuisement généralisé

La surcharge de travail est un problème endémique dans le secteur de la santé. Le manque de personnel, exacerbé par le vieillissement de la population et le manque d'attractivité des métiers soignants, contraint les équipes à travailler sous pression constante. En moyenne, une infirmière en France prend en charge 12 patients, contre 8 en Allemagne, selon les chiffres de l'OCDE. Cette situation, combinée à l'augmentation des tâches administratives, laisse peu de temps pour les soins directs et la relation avec les patients. Les soignants passent en moyenne 25% de leur temps à effectuer des tâches administratives, un temps précieux qui pourrait être consacré aux soins, selon une étude de la DREES. Cette surcharge de travail a un impact direct sur la qualité des soins, augmentant le risque d'erreurs médicales et générant un sentiment de culpabilité chez les soignants, conscients de ne pas pouvoir répondre aux besoins de tous leurs patients de manière optimale. Le manque de reconnaissance et la faible rémunération contribuent également à la détérioration des conditions de travail.

  • Surcharge de travail : Personnel insuffisant pour répondre à la demande croissante de soins.
  • Augmentation des tâches administratives : Consacrant moins de temps aux soins directs des patients.
  • Impact sur la qualité des soins : Risque accru d'erreurs et sentiment de culpabilité.
  • Burn-out : L'épuisement professionnel touche une part croissante des soignants, avec des conséquences graves sur leur santé.

Le burn-out et la souffrance éthique sont des conséquences directes de ces conditions de travail dégradées. Les soignants sont confrontés quotidiennement à des dilemmes éthiques, tiraillés entre les impératifs de gestion et leur devoir de prendre soin. Ils peuvent se sentir obligés de faire des compromis sur la qualité des soins, de limiter leur temps auprès des patients ou de prioriser certaines tâches au détriment d'autres. Cette dissonance entre leurs valeurs professionnelles et la réalité du terrain peut entraîner une perte de sens et un sentiment de ne plus pouvoir exercer correctement leur métier. Selon une enquête menée auprès des infirmiers par l'Ordre National des Infirmiers, 40% des infirmiers déclarent être en situation de burn-out, soulignant l'urgence d'agir. Le coût humain et économique de ce burn-out est considérable, se traduisant par des arrêts de travail, des démissions et une perte d'attractivité pour la profession. Il est crucial de mettre en place des mesures de prévention et de soutien pour aider les soignants à faire face à ces difficultés et à retrouver du sens dans leur travail. La mise en place de groupes de paroles, de formations à la gestion du stress et de dispositifs de soutien psychologique, comme le numéro vert mis en place par le Ministère de la Santé, sont autant de pistes à explorer pour soutenir les soignants.

La marchandisation de la santé : un conflit de valeurs

L'introduction croissante de la logique de marché dans le secteur de la santé est une source de conflit de valeurs pour de nombreux soignants. La pression pour la rentabilité et la performance, la standardisation des soins et la réduction des coûts entrent en contradiction avec leur éthique professionnelle et leur vision d'une santé centrée sur l'humain. Les objectifs financiers deviennent prioritaires, reléguant au second plan la qualité des soins et le bien-être des patients. Les établissements de santé sont incités à optimiser leurs ressources, à réduire les durées de séjour et à augmenter le nombre d'actes réalisés, souvent au détriment de la relation soignant-patient et de l'individualisation de la prise en charge, ce qui est inacceptable pour les soignants engagés.

  • Logique de rentabilité : Priorité aux objectifs financiers au détriment de la qualité des soins.
  • Standardisation des soins : Protocoles rigides et perte de l'individualisation, ignorant les besoins spécifiques de chaque patient.
  • Impact sur la relation soignant-patient : Temps limité et déshumanisation, rendant difficile l'établissement d'une relation de confiance.
  • Conflit de valeurs : Remise en question de l'éthique professionnelle face aux impératifs économiques.

La standardisation des soins, à travers l'application de procédures uniformisées et de protocoles rigides, contribue à la perte de l'individualisation de la prise en charge. Les patients sont traités comme des numéros, leurs besoins spécifiques et leurs particularités sont souvent ignorés. Cette standardisation peut entraîner un sentiment de frustration chez les soignants, qui se sentent bridés dans leur capacité à adapter les soins aux besoins de chaque patient. Le temps limité pour l'écoute et l'échange avec les patients, conséquence de la surcharge de travail et de la pression à la rentabilité, rend difficile l'établissement d'une relation de confiance et d'un accompagnement personnalisé. Les soignants se sentent réduits à des exécutants, perdant le sens profond de leur métier et le plaisir de prendre soin. Une enquête révèle que près de 75% des soignants estiment que le temps consacré à chaque patient est insuffisant pour assurer une prise en charge de qualité et établir une relation de confiance, soulignant l'urgence de repenser l'organisation des soins. Il est donc essentiel de repenser l'organisation des soins pour redonner aux soignants la possibilité d'exercer leur métier avec humanité et de prendre en compte la globalité de la personne soignée. Les soignants engagés militent pour un retour à des pratiques plus humaines et individualisées.

Un déficit démocratique : le manque de participation des soignants aux décisions

Le manque de participation des soignants aux décisions qui concernent leur travail et l'organisation des soins est un autre facteur majeur de frustration et d'engagement. Les décisions sont souvent prises "d'en haut", sans concertation avec les équipes de terrain, qui sont pourtant les mieux placées pour connaître les besoins des patients et les contraintes du quotidien. L'expertise des soignants est souvent ignorée, leur sentiment de ne pas être écouté et de ne pas être pris au sérieux alimente un sentiment d'impuissance et de démotivation. La difficulté à faire remonter les problèmes et les propositions, souvent liée à une culture du silence et à la peur des représailles, empêche toute amélioration du système et renforce le sentiment d'isolement des soignants, minant leur motivation et leur engagement. Une meilleure inclusion des soignants dans le processus décisionnel est essentielle pour améliorer la qualité des soins et l'efficacité du système de santé.

  • Décisions prises "d'en haut" : Manque de concertation avec les équipes de terrain, ignorant leur expertise.
  • Ignorance de l'expertise des soignants : Sentiment de ne pas être écouté, alimentant la frustration.
  • Difficulté à faire remonter les problèmes : Culture du silence et peur des représailles, empêchant l'amélioration du système.
  • Impact sur la qualité des soins : Décisions inadaptées aux besoins réels des patients et aux réalités du terrain.

Les fermetures de services, les réorganisations internes et les modifications des protocoles sont autant d'exemples concrets où le manque de participation des soignants a eu des conséquences négatives sur la qualité des soins et le bien-être du personnel. Par exemple, la fermeture d'un service de maternité dans une zone rurale peut contraindre les femmes enceintes à parcourir de longues distances pour accoucher, augmentant ainsi le risque de complications et créant des inégalités territoriales en matière d'accès aux soins. De même, la mise en place d'un nouveau logiciel de gestion des dossiers patients, sans formation adéquate ni prise en compte des besoins des utilisateurs, peut entraîner des erreurs, des pertes de temps et un surcroît de travail pour les soignants, nuisant à l'efficacité du système. Il est donc impératif de mettre en place des mécanismes de participation et de consultation des soignants, afin de garantir que les décisions prises soient adaptées aux réalités du terrain et contribuent à améliorer la qualité des soins. La création de conseils de service, de groupes de travail et d'instances de concertation, comme les Conférences Médicales d'Établissement (CME), sont autant de pistes à explorer pour renforcer la démocratie sanitaire et donner aux soignants une voix au chapitre, permettant une meilleure prise en compte de leurs besoins et de leur expertise.

Une vision alternative de la santé : les composantes clés

Au-delà du simple constat de dysfonctionnements, les soignants engagés portent une vision alternative de la santé, centrée sur l'humain, la prévention et la participation. Cette vision, bien que diverse dans ses expressions, se caractérise par une volonté de replacer le patient au cœur des soins, de promouvoir la santé à tous les niveaux et de favoriser une approche collaborative et démocratique, garantissant un accès aux soins équitable et de qualité pour tous.

Replacer l'humain au cœur des soins : une approche holistique

Pour les soignants engagés, la relation soignant-patient est un pilier essentiel de la prise en charge. L'écoute active, l'empathie, la communication et le respect sont autant de valeurs qui doivent guider cette relation. Il ne s'agit pas seulement de traiter une maladie, mais de prendre en compte la globalité de la personne, ses aspects physiques, psychologiques, sociaux et culturels. Une étude récente a montré que 60% des patients souhaitent une communication plus ouverte et empathique avec leurs soignants, soulignant l'importance de la relation humaine dans le processus de guérison. L'approche holistique implique de considérer le patient comme un partenaire, de l'impliquer dans les décisions qui concernent sa santé et de l'accompagner dans son parcours de soins. Cette approche nécessite également de prendre en compte l'environnement social et familial du patient, ainsi que ses croyances et ses valeurs.

  • Importance de la relation soignant-patient : Écoute, empathie et communication, créant un climat de confiance et de respect.
  • Prise en compte de la globalité de la personne : Aspects physiques, psychologiques, sociaux et culturels, pour une prise en charge complète.
  • Bien-être des soignants : Prévention du burn-out et soutien psychologique, garantissant des soins de qualité.
  • Approche centrée sur le patient : Implication dans les décisions et accompagnement personnalisé tout au long du parcours de soins.

Le bien-être des soignants est également un élément clé de cette approche holistique. Un soignant épuisé, stressé et démotivé ne peut pas prendre soin de ses patients de manière optimale. Il est donc essentiel de mettre en place des mesures de prévention du burn-out, de proposer un soutien psychologique et de créer des espaces de discussion et de partage pour permettre aux soignants de se ressourcer et de retrouver du sens dans leur travail. Certaines institutions offrent des programmes de bien-être aux soignants, incluant des séances de méditation, de yoga et de massages, reconnaissant l'importance de leur équilibre personnel. Les "soins centrés sur le patient", les thérapies non médicamenteuses et l'art-thérapie sont autant de pratiques qui illustrent concrètement cette approche holistique. Ces approches complémentaires permettent de soulager la douleur, de réduire l'anxiété et d'améliorer la qualité de vie des patients, en complément des traitements médicaux traditionnels. Elles nécessitent une formation spécifique des soignants et une ouverture d'esprit pour intégrer ces pratiques dans le parcours de soins, témoignant d'une vision de la santé plus globale et intégrative.

Privilégier la prévention et la promotion de la santé : une approche populationnelle

Les soignants engagés plaident pour une approche populationnelle de la santé, qui privilégie la prévention et la promotion de la santé plutôt que le simple traitement des maladies. Ils sont convaincus que l'éducation à la santé, les actions de prévention ciblées et la lutte contre les inégalités sociales de santé sont autant de leviers pour améliorer la santé de tous. Ils estiment que seulement 3% des dépenses de santé sont consacrées à la prévention en France, un chiffre alarmant qui souligne la nécessité de rééquilibrer les priorités. Il est donc crucial d'investir davantage dans ce domaine pour réduire la prévalence des maladies chroniques, comme le diabète et les maladies cardiovasculaires, et améliorer l'espérance de vie en bonne santé. Les soignants engagés mettent en avant l'importance de l'accès à l'information et à l'éducation pour permettre à chacun de prendre soin de sa santé.

  • Importance de l'éducation à la santé : Informer et sensibiliser les populations sur les facteurs de risque et les comportements favorables à la santé.
  • Actions de prévention ciblées : Dépistage, vaccination et interventions sur les modes de vie (alimentation, activité physique), réduisant l'incidence des maladies.
  • Lutte contre les inégalités sociales de santé : Agir sur les déterminants sociaux (logement, emploi, éducation), pour garantir un accès équitable à la santé.
  • Approche populationnelle : Privilégier la prévention plutôt que le traitement, pour une santé durable et pour tous.

Les soignants engagés contribuent à promouvoir la santé en dehors de l'hôpital, au sein des communautés et auprès des populations les plus vulnérables. Ils participent à des actions de proximité, comme des campagnes de vaccination, des ateliers d'éducation à la santé ou des consultations médicales gratuites, visant à améliorer l'accès aux soins pour tous. Ils mènent également un travail de plaidoyer auprès des pouvoirs publics pour des politiques publiques plus justes et plus favorables à la santé. Par exemple, certains soignants s'engagent dans la lutte contre la pollution de l'air, conscients de son impact sur la santé respiratoire des populations, plaidant pour des mesures de réduction des émissions et de promotion des transports propres. D'autres militent pour un meilleur accès à l'eau potable et à l'assainissement dans les pays en développement, reconnaissant l'importance de ces facteurs pour la santé globale. Ces actions, souvent bénévoles, témoignent d'une volonté de s'investir au-delà de leur simple mission de soins et de contribuer à créer un environnement plus favorable à la santé pour tous. L'importance des infirmières scolaires dans la prévention et l'éducation à la santé auprès des jeunes est également à souligner, contribuant à former les citoyens de demain aux bonnes pratiques en matière de santé.

Favoriser la démocratie sanitaire et la participation citoyenne : une approche collaborative

La démocratie sanitaire et la participation citoyenne sont des valeurs fondamentales pour les soignants engagés. Ils sont convaincus que les patients et les usagers doivent être impliqués dans les décisions qui concernent leur santé et la gestion du système de santé. L'information partagée, la co-construction des projets de soins et la participation aux instances de décision sont autant de moyens de renforcer l'autonomie des patients et de garantir une prise en charge plus adaptée à leurs besoins. Le développement de l'éducation thérapeutique du patient est également essentiel pour aider les patients à acquérir les compétences nécessaires pour gérer leur maladie et prendre soin d'eux-mêmes. Cette approche collaborative permet de renforcer le lien de confiance entre les soignants et les patients, et d'améliorer l'efficacité des soins.

  • Importance de l'implication des patients : Partage de l'information et co-construction des projets de soins, renforçant leur autonomie et leur capacité à prendre des décisions éclairées.
  • Développement de l'éducation thérapeutique : Aider les patients à gérer leur maladie et à acquérir les compétences nécessaires pour prendre soin d'eux-mêmes au quotidien.
  • Collaboration interprofessionnelle : Travailler en équipe avec d'autres acteurs du secteur de la santé et du secteur social, pour une prise en charge globale et coordonnée.
  • Démocratie sanitaire : Impliquer les citoyens dans les décisions concernant la santé, garantissant une prise en compte de leurs besoins et de leurs attentes.

La collaboration interprofessionnelle est également un élément clé de cette approche collaborative. Les soignants doivent travailler en équipe avec d'autres professionnels de santé, mais aussi avec des acteurs du secteur social et médico-social, pour assurer une prise en charge globale et coordonnée des patients. Les plateformes de coordination des soins, les conseils de patients et les groupes d'entraide sont autant d'exemples concrets de projets innovants qui mettent en œuvre cette approche collaborative. L'analyse des obstacles à une participation citoyenne effective est également essentielle pour identifier les freins à la démocratie sanitaire et proposer des solutions pour les surmonter. Par exemple, il est important de garantir l'accessibilité de l'information pour tous, de mettre en place des dispositifs de soutien à la participation et de lutter contre les discriminations qui peuvent empêcher certaines populations de faire entendre leur voix. Seulement 15% des patients se sentent réellement impliqués dans les décisions concernant leur santé, un chiffre préoccupant qui souligne la nécessité de renforcer la participation citoyenne dans le domaine de la santé.

Obstacles et leviers : comment concrétiser cette vision alternative ?

La concrétisation de cette vision alternative de la santé se heurte à de nombreux obstacles, liés aux résistances institutionnelles, au manque de moyens et aux mentalités individualistes. Cependant, des leviers existent, comme la mobilisation collective, l'innovation sociale et le plaidoyer, qui permettent de faire progresser cette vision et de construire un système de santé plus juste, plus humain et plus durable. Les soignants engagés jouent un rôle essentiel dans cette transformation.

Les freins à l'engagement : résistances institutionnelles et individualistes

Le poids de la bureaucratie et de la hiérarchie constitue un frein majeur à l'engagement des soignants. La difficulté à faire évoluer les pratiques et les mentalités, le manque de moyens financiers et humains et les résistances au changement sont autant d'obstacles qui peuvent décourager les initiatives et freiner les transformations. Les habitudes ancrées, la peur de l'inconnu et le manque de formation peuvent également expliquer ces résistances. L'individualisme et la concurrence, qui peuvent exister au sein des équipes, rendent difficile le travail en équipe et la convergence des intérêts. Ces facteurs contribuent à créer un climat de tension et de découragement, rendant difficile la mise en place d'une vision alternative de la santé.

  • Poids de la bureaucratie : Difficulté à faire évoluer les pratiques et à obtenir les autorisations nécessaires.
  • Manque de moyens : Frein à la mise en œuvre des actions et des projets innovants, limitant les possibilités d'expérimentation.
  • Résistances au changement : Habitudes ancrées, peur de l'inconnu et manque de formation, rendant difficile l'adoption de nouvelles pratiques.
  • Individualisme : Difficulté à travailler en équipe et à faire converger les intérêts, nuisant à la cohésion et à l'efficacité des actions.

Le statut des soignants (public/privé, contractuel/titulaire) influence leur capacité à s'engager et à porter des revendications. Les soignants contractuels, par exemple, peuvent être plus réticents à s'exprimer de peur de perdre leur emploi, limitant leur liberté d'expression et leur capacité à défendre leurs convictions. De même, les soignants travaillant dans le secteur privé peuvent être soumis à des pressions plus fortes de la part de leur direction, rendant difficile la mise en œuvre d'initiatives allant à l'encontre des intérêts économiques de l'établissement. Il est donc important de garantir la liberté d'expression de tous les soignants et de mettre en place des mécanismes de protection pour ceux qui s'engagent. Selon une étude menée auprès des soignants, 65% d'entre eux se sentent freinés dans leur engagement par la hiérarchie, soulignant l'importance de créer un environnement de travail favorable à l'expression et à l'initiative. La création d'un espace de dialogue ouvert et constructif entre les soignants et leur direction est essentielle pour favoriser l'engagement et la participation de tous. La reconnaissance de l'engagement des soignants, par exemple à travers la valorisation des initiatives et la prise en compte de leur expertise, est également un facteur important de motivation.

Les leviers de l'engagement : mobilisation collective et innovation sociale

Malgré les obstacles, des leviers existent pour favoriser l'engagement des soignants et concrétiser leur vision alternative de la santé. La création de collectifs et de réseaux permet de mutualiser les connaissances et les expériences, de se soutenir mutuellement et de renforcer la légitimité des actions. L'utilisation des outils numériques facilite la communication, l'information, la mobilisation et la diffusion des pétitions en ligne, permettant de toucher un public plus large et de faire entendre la voix des soignants. Le développement de l'innovation sociale permet d'expérimenter de nouvelles formes d'organisation et de prise en charge, en s'appuyant sur la créativité et l'intelligence collective des soignants. Les soignants engagés sont à l'origine de nombreuses initiatives innovantes, qui contribuent à améliorer la qualité des soins et à transformer le système de santé.

  • Création de collectifs : Mutualisation des connaissances et soutien mutuel, renforçant la légitimité des actions et favorisant la solidarité.
  • Utilisation des outils numériques : Communication, information et mobilisation, permettant de toucher un public plus large et de faire entendre la voix des soignants.
  • Développement de l'innovation sociale : Expérimentation de nouvelles formes d'organisation et de prise en charge, s'appuyant sur la créativité et l'intelligence collective.
  • Plaidoyer et lobbying : Interpeller les pouvoirs publics et sensibiliser l'opinion publique, pour influencer les politiques de santé et défendre les intérêts des patients.

Le plaidoyer et le lobbying auprès des pouvoirs publics sont également des outils importants pour faire entendre la voix des soignants et défendre leurs revendications. Interpeller les décideurs politiques, sensibiliser l'opinion publique et proposer des solutions concrètes sont autant de moyens d'influencer les politiques de santé et de faire progresser la vision d'un système de santé plus juste, plus humain et plus durable. De nombreuses initiatives portées par des soignants engagés ont réussi à transformer leur environnement de travail ou à améliorer la qualité des soins à l'échelle locale ou nationale. Par exemple, la création de maisons de santé pluriprofessionnelles, qui regroupent des médecins, des infirmiers et d'autres professionnels de santé, a permis d'améliorer l'accès aux soins dans les zones rurales, en luttant contre la désertification médicale. De même, la mise en place de programmes d'éducation thérapeutique du patient a contribué à améliorer la qualité de vie des patients atteints de maladies chroniques, en les aidant à mieux gérer leur maladie au quotidien. Il est essentiel de valoriser ces initiatives et de les encourager, afin de créer un effet d'entraînement et de diffuser les bonnes pratiques à l'ensemble du système de santé. En France, on compte plus de 1200 maisons de santé pluriprofessionnelles, témoignant du succès de ce modèle d'organisation des soins.

Perspectives d'avenir : vers un nouveau modèle de santé ?

L'avenir de la santé dépend en grande partie de la capacité à transformer le système actuel et à construire un nouveau modèle, plus adapté aux besoins des populations et aux réalités du terrain. Cette transformation nécessite une remise en question du modèle dominant, une refonte de la gouvernance et une réorientation des financements. La formation des futurs soignants aux valeurs de l'engagement, à la prévention et à la participation citoyenne est également essentielle pour garantir la pérennité de ce nouveau modèle. Selon une enquête récente, 90% des soignants estiment qu'une transformation systémique est nécessaire pour améliorer la qualité des soins et l'accès à la santé pour tous. Les soignants engagés sont des acteurs clés de cette transformation.

  • Nécessité d'une transformation systémique : Remise en question du modèle dominant, pour une approche plus centrée sur le patient et la prévention.
  • Importance de la formation : Former les futurs soignants aux valeurs de l'engagement, de l'éthique, de la prévention et de la participation citoyenne.
  • Rôle clé des soignants engagés : Inspirer, mobiliser et proposer des alternatives, pour construire un nouveau modèle de santé plus juste et plus durable.
  • Scénarios prospectifs : Intégrer les enjeux sociétaux (vieillissement de la population, transition écologique, inégalités sociales) dans la réflexion sur l'avenir de la santé.

Les soignants engagés ont un rôle clé à jouer dans cette transformation. Ils peuvent inspirer, mobiliser, proposer des alternatives et accompagner le changement. Ils doivent être reconnus comme des acteurs à part entière du système de santé et être impliqués dans les décisions qui concernent leur travail et l'avenir de la santé. Il est également important de proposer des scénarios prospectifs pour l'avenir de la santé, en intégrant la vision des soignants engagés et les enjeux sociétaux, comme le vieillissement de la population, la transition écologique et les inégalités sociales. Par exemple, on peut imaginer un système de santé plus décentralisé, qui privilégie les soins de proximité et l'autonomie des patients. On peut également imaginer un système de santé plus préventif, qui investit davantage dans l'éducation à la santé et la lutte contre les facteurs de risque. L'enjeu est de construire un système de santé qui soit à la fois efficace, accessible, équitable et durable, garantissant un accès aux soins de qualité pour tous, quel que soit leur origine sociale ou leur lieu de résidence. L'espérance de vie en bonne santé en France est de 64.6 ans pour les femmes et de 63.5 ans pour les hommes, soulignant la nécessité d'agir pour améliorer la qualité de vie et la santé des populations.

Les engagements actuels des soignants témoignent d'une crise profonde, mais aussi d'une formidable énergie pour inventer un autre avenir pour la santé. Leur vision, centrée sur l'humain, la prévention et la participation, est une source d'inspiration et un appel à l'action. Elle nous invite à repenser nos priorités et à construire ensemble un système de santé qui réponde aux besoins de tous. Les soignants engagés sont les acteurs clés de cette transformation, et leur vision alternative mérite d'être entendue et mise en œuvre.